10 ans se sont écoulés depuis mon burn-out. Je m’en souviens encore comme si c’était hier. Je n’ai rien vu venir. Rien. Pourtant j’étais familière de la dépression depuis 2004 et j’avais eu quelques rechutes entre temps, mais je n’étais pas préparée au raz-de-marée qui m’attendait en octobre 2010. J’ai encore du mal aujourd’hui à identifier l’élément déclencheur, et sans doute il y en a eu plus d’un, de petits rien qui font un gros tout, avec un effet boule de neige qui t’éclate à la tête quand tu ne t’y attends pas.
Armée de mes nombreuses lectures et du travail accompli sur moi-même en 6 ans, (entre 2004 et 2010) j’étais persuadée de pouvoir faire face à n’importe quel épisode de « moins-bien » pour le reste de ma vie… oops ! Heureusement pour moi, même si le burn-out m’a frappée en pleine tête sans prévenir, mon passé fragile m’a permis d’identifier rapidement le moment où j’étais arrivée à un point de non-retour…
C’était en octobre 2010. Je ne me rappelle plus de la date exacte mais je me rappelle très bien qu’en quelques jours je suis passée de mon dynamisme habituel à la mélancolie, puis à la pensée de mettre fin à mes jours rapidement. Une soirée où l’envie était très forte et que je savais que je ne m’en sortirais pas seule, j’ai eu le bon réflexe de me coucher immédiatement pour, le lendemain, demander une consultation d’urgence en centre médico-psychologique. Beaucoup d’émotions me viennent en écrivant cet article car c’est un épisode très personnel qui a énormément bouleversé ma vie.
Pourquoi je te raconte ça aujourd’hui ? Grâce à ce burn-out j’ai beaucoup grandi, évolué, cheminé, progressé et même transformé ma façon de voir la vie et de vivre au quotidien alors je trouve ça important de le partager. Ma personnalité n’est plus la même depuis, et j’en suis très heureuse.
Il y a 10 grandes leçons que j’ai apprises à mes dépens grâce à ce burn-out :
1- Je ne peux pas tout contrôler
Depuis petite j’ai toujours été dans le contrôle. Je pensais que je pouvais maîtriser ce que je voulais, obtenir les résultats que je voulais en fonction des efforts que je fournissais. Aujourd’hui, même si j’ai confiance dans le fait que dans la vie tout est possible, j’ai compris qu’on ne peut pas contrôler tout ce qui se passe et que c’est parfait comme ça. Les choses arrivent comme elles arrivent.
2- Ma vie ne sera jamais un chemin rectiligne
J’ai toujours imaginé que quand on avait une vocation, une vision, une idée en tête, on pouvait tracer son chemin et le suivre, tout simplement.
🙂 Et bien non, pour 95% des gens ça ne fonctionne pas comme ça !
Comme beaucoup je rêvais que ma vie avance en ligne droite : je voulais faire des études passionnantes, trouver un emploi dans mon domaine d’étude, trouver mon âme sœur, avoir des enfants, acheter une maison, profiter de chaque vacances pour voyager en famille …
Au lieu de ça : j’ai fait des études passionnantes, changé d’orientation en cours de route, déménagé à 800 kms, validé mon Master 2, cumulé 3 emplois, fait un burn-out, arrêté de travailler. Ensuite j’ai été femme de ménage, puis caissière, trouvé un emploi dans mon domaine après 18 mois de chômage partiel, quitté mon conjoint de l’époque, réussi un concours de catégorie A, trouvé l’homme de ma vie, partie à 600 kms, tombée enceinte, partie à 10 000 kms, décidé d’abandonner la fonction publique, immigré au Canada et ENCORE changé de domaine …
Alors finalement RIEN ne s’est passé comme je l’avais envisagé.
Si tu m’avais dit il y a 10 ans qu’il se passerait tout ça dans ma vie, je t’aurais ri au nez …
Maintenant je sais que c’est ça la vie, plein de choses imprévisibles arrivent, et c’est pour tout le monde pareil.
3- La comparaison ne sert à rien
J’ai été élevée dans la comparaison, dans l’idée d’être la meilleure à l’école.
Dès que mes résultats n’étaient pas assez bon, que je n’avais pas les meilleures notes, de 6 ans à 23 ans, j’étais déçue et insatisfaite.
Le pire c’est que j’ai fini par développer ce trait dans tous les domaines de ma vie en dehors de la scolarité.
Tant de domaines dans lesquels je me trouvais nulle par rapport aux autres … la cuisine, le sport, le ménage, l’éducation des enfants, la vie de couple, la communication, etc.
C’est quelque chose qui m’a collé à la peau jusqu’à ce que je me pose la question : pourquoi vouloir être meilleure que les autres ? J’ai conscience d’avoir besoin de reconnaissance et de me réaliser, mais c’est tout à fait possible sans chercher à faire mieux que les autres. Je peux être moi, être utile, être reconnue et m’accomplir sans être « meilleure ».
D’ailleurs ça veut dire quoi être meilleure ? Pour moi c’était le sentiment d’être plus qualifiée, d’avoir de plus grandes connaissances, de meilleurs résultats.
Travailler en marketing relationnel m’a beaucoup aidé à travailler sur ce point : ça ne sert à rien de se comparer car chacun a son parcours de vie, ses embûches, (qu’on ne voit souvent pas à travers les médias sociaux d’où il ne ressort que le meilleur des autres), ses atouts, ses compétences, ses forces et ses faiblesses, son quotidien, ses contraintes, etc.
Cela ne sert à rien de se comparer et de vouloir être meilleur.
Il faut être soi-même, savoir reconnaître sa propre valeur et comprendre qu’on réussira dans nos projets en étant nous-mêmes.
4- Mon parcours est unique
Dans la suite des 2 idées précédentes, je sais maintenant que je ne dois pas me comparer aux autres, que ça n’a aucun sens et que mon parcours ne ressemblera jamais à celui de personne d’autre.
Il n’est pas meilleur ni moins bon, il est simplement incomparable, unique !
Tous les choix que j’ai fait m’ont menée où je suis aujourd’hui, chaque étape de ma vie fait partie de moi et m’a permis de me construire.
Est-ce que j’aurais aimé que tout soit plus simple ? Certainement. Mais je ne serais pas là même aujourd’hui. On ne change pas le passé alors faisons de notre mieux au présent…
J’aime beaucoup le livre de François Lemay, « Tout est parfait » car il montre que les épreuves, les échecs et les réussites, tout arrive pour une raison, tout fait partie d’un processus et tout est parfait comme ça.
Depuis, je vis chaque étape de ma vie pleinement, un pas à la fois, en essayant de ne pas me préoccuper de l’idéal qui se trouve quelque part dans ma tête.
Mon parcours ne cesse de faire des zig-zag et c’est parfait, chaque virage me donne de nouvelles opportunités, me fait rencontrer des personnes que je n’aurais jamais rencontrées autrement, m’offre de nouvelles options.
Mon parcours est unique, et je l’accepte comme ça.
5- Je dois accepter que j’ai des limites et apprendre à les identifier pour me préserver.
Après ma première dépression à 16 ans j’ai eu des hauts et des bas, mais je n’ai jamais réellement été vigilante vis-à-vis de ma santé mentale.
En 2010 j’ai cumulé 3 emplois à temps partiel tout en étant en Master 2 de droit (5e année d’université), avec l’ambition d’avoir les meilleurs résultats possibles dans tout ce que j’entreprenais (tu te souviens de mon problème de comparaison …). J’ai souffert de mon perfectionnisme et de mon côté « accro au travail » qui me donne envie d’en faire toujours plus, toujours mieux, de mettre en place tous les projets, toutes les idées que j’ai en tête (et qui se multiplient chaque jour).
J’ai aussi découvert que j’étais hypersensible, très empathique, un rien peut me faire passer du rire au larme et je souffre de la souffrance d’autrui …
Tout ceci fait que je suis fragile. Même encore aujourd’hui.
Je sais que je pourrais retomber demain en dépression et que les hauts et les bas ne sont pas terminés.
Ca ne finira jamais et ce sera comme ça toute ma vie. Cette fragilité fait partie de moi. C’est entièrement personnel car d’autres s’en sortent peut-être un jour définitivement mais en ce qui me concerne je sais que ce n’est pas le cas.
Mais je sais que je peux identifier mes failles, les analyser, les prévenir, et reconnaître quand il est temps de m’arrêter. Plus facile à dire qu’à faire. Mais c’est ainsi que j’avancerai en restant en bonne santé.
Cela dit, je mets en place des techniques qui commencent à porter leurs fruits et qui me permettent de rester positive même dans les moments sombres, je t’en parlerai dans un autre article.
6- La vie n’est pas juste …
Le sentiment d’injustice est une émotion que l’on ressent souvent. C’est vrai que la vie n’est pas juste.
C’est important de comprendre pourquoi tu ressens ça, l’accepter et avancer, faire de ton mieux avec les choix que tu as fait et les moyens que tu trouves pour progresser.
De plus la vie est une question de choix, assume-les ou fais-en d’autres mais arrête de te poser en victime. Tu as toujours le choix de comment tu réagis face à une situation, voir le verre à moitié vide ou à moitié plein.
Alors oui la vie n’est pas juste. Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? On se lamente ? Ou on se bat ?
7- Ce n’est pas parce que les autres réussissent que j’échoue …
Ne pas avoir les meilleurs résultats, le même succès que les autres, ne veut pas dire qu’on est moins bon.
D’ailleurs il faut savoir reconnaître que les critères de la réussite sont subjectifs. Avant pour moi c’était d’être publiée, me voir proposer un « bon » poste à la hauteur de mon niveau de diplôme, devenir cadre, réussir un concours, avoir un bon salaire avec des tickets restaurants et des RTT, être propriétaire à 30 ans et avoir un abonnement à une salle de sport…
Tu peux facilement deviner qu’aujourd’hui mes critères sont à l’opposé de tout ça !
Il existe autant de critères de réussite que d’humains sur la planète. Alors cesse de penser que tu échoues parce que tu trouves que les autres réussissent selon TES critères.
8- Il faut savoir lâcher-prise …
Et accepter de se mettre temporairement en retrait pour ne pas finir K.O.
Accepter de demander de l’aide, accepter qu’on ait besoin d’aide et mettre son ego de côté pour guérir…
Suite à mon burn-out j’étais incapable de continuer mon année d’université et de travailler.
J’ai même accumulé ma vaisselle pendant 1 mois et demi tellement cette tâche était devenue insurmontable !
En plus les médicaments qui m’ont été prescrits me faisaient somnoler rapidement, conduire était devenu dangereux … J’ai donc dû quitter mon appartement, ma région d’adoption dans laquelle je me sentais si bien, pour retourner vivre chez ma mère, dans une région que je détestais, en attendant de pouvoir travailler et subvenir à mes besoins à nouveau (c’est comme ça que j’ai appris la résilience ahah).
Lâcher-prise est indispensable pour éviter de sombrer. Et quand on franchit la limite il faut savoir lâcher-prise pour pouvoir remonter la pente.
9- Ce qui m’arrive dans la vie n’est pas le reflet de qui je suis !
Ce qui se passe dans ma vie ne me définit pas en tant que personne. Et ça n’a rien à voir non plus avec ma valeur.
Si je me trouve dans une situation difficile, que je définis comme étant un échec, ça ne veut pas dire que je suis nulle et incapable de réussir.
Répète-le encore : « ce qui se passe dans ma vie ne me définit pas en tant que personne et n’est pas le reflet de qui je suis ».
10- Le développement personnel sauve des vies
Je ne sais pas où je serais si je n’avais pas autant travaillé mon développement personnel.
Il m’a fallu 2 ans de thérapie et de lectures pour sortir de mon burn-out.
Selon moi, le meilleur moyen de garder une stabilité et des appuis forts mentalement et psychologiquement, qu’on ai une petite faiblesse comme moi ou non, c’est de s’intéresser au développement personnel, chercher à s’améliorer en tant que personne, et apprendre à s’épanouir de l’intérieur vers l’extérieur.
Je ne manquerai pas de te parler une autre fois des livres qui ont fait une grosse différence pour moi et de celui qui a changé ma vie 🙂
S’il te plaît, n’hésite pas à partager cet article si tu penses que ça peut aider quelqu’un, quelque part. Ou écris-moi si tu en ressens le besoin !